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Maquilleuse. Carnet de Notes. 1

19 Janvier 2021

Je suis maquilleuse et mon autobiographie n'intéresse personne. Pas plus que mes bleus n'intéressent quelqu'un.
C'est un chant, un poème… Des mots semblables à ma palette de couleurs qui veulent venir se dire et rendent fébrile.
Je ne suis qu'un être de sensations. Des plumes de ballet, un sillage sur la peau d'une misère, une senteur de thé ou de mirabelle. Une fleur de rocaille.
Bruits de pas. Rumeurs de micros. Passion des transactions. Brouhahas. Rencontres.
Visages inconnus ou déjà croisés.
Accents, voiles, foulards, stress, tâtons, talons, fêlures de bas, cicatrices de peau.
Il fait chaud, cette fois. Et je m'ennuie. Non plus de cette chaleur là-bas. Non, je m'ennuie de dormir et d'oublier toutes les physionomies de ma vie. Elles viennent, elles remontent. Ecailles, griffures de sens. Volettent comme les plumes autour du cou d'un archer.
Marcher. Quitter le bastringue. Ne pas forcer sa nature, laisser couler.
Femmes fleurs, femmes animales, sexuées, femmes échouées d'un monde qui les dévore.
L.C. Carnets de notes. 2000
Maquilleuse. Carnet de Notes. 1
Maquilleuse. Carnet de Notes. 1
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BEYROUTH. "L'ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun. Mayfair.

17 Janvier 2021

BEYROUTH. L'ombre de la ville.
A l'envers doit se lire l'écriture arabe, comme on retourne des pages, comme on retourne les cartes, comme on remonte pour relire différemment et sous de nouvelles lueurs, les événements de la vie.
Je déambule dans les rues de Beyrouth cherchant à exorciser l'instant. Je reste persuadée que rien n'est fini. Qu'autre chose commence. Je quitterai cette ville un jour et bien d'autres fois encore, demain, tout à l'heure, chaque fois que je sentirai ce grand silence au fond de moi, ce rien, ce plus jamais.
Heureusement que j'ai mes fleurs blanches qui se fanent si vite dans l'eau.
Heureusement que leur parfum emplit si fort l'atmosphère du soir. Heureusement qu'elles m'ennivrent et me guérissent d'un parfum sucré qui ne me lâche pas !
Dans la poussière du décor, le bruit des voix désaccordées, demain, je plongerai, je chercherai l'oubli.
Lydie Canga. Beyrouth. Mayfair Residence, le 11 novembre 1998.
BEYROUTH. "L'ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun. Mayfair.
BEYROUTH. "L'ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun. Mayfair.
BEYROUTH. "L'ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun. Mayfair.
BEYROUTH. "L'ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun. Mayfair.
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SUD LIBAN. "L'Ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun.

17 Janvier 2021

SUD LIBAN. L'Ombre de la ville.
J'ai lavé mon linge, la maison était déserte. Tous étaient descendus vers le centre ville pour le repas. J'ai tardé profitant du silence, observant, à l'écoute des bruits de la nuit, les terres arides alentours, et puis j'ai rejoint l'équipe. On m'attendait. Le fait de venir de Paris et après les premiers essais brillants que j'avais passés, je bénéficiais d'une aura particulière qui s'est bien sûr détériorée, un temps, les jours suivants, du fait de mon caractère et du désir fortement marqué de n'engager aucun lien particulier avec un homme. Travail oblige.
Je me souviens de cet instant passé sur la terrasse d'une inconnue, lors d'une petite promenade dans les rues, avant l'arrivée tardive des plats. Elle m'avait invitée à monter chez elle, car je m'échinais à cueillir un rameau de jasmin qui était trop haut pour moi. En quelques minutes, j'en avais plus que je ne le désirais ! Il embaumait. Nous nous sommes reconnues malgré la différence de nos origines, de nos traditions, au bout de quelques phrases qu'alentours on nous traduisait. Nous avons compris que nous étions seules avec un enfant, des femmes célibataires. La même, ailleurs, dans le Liban Sud, près des zones de combat. On entendait dans le soir, les tirs au loin. Nous avons eu un sourire complice, puis, ensemble, nous avons tourné le regard vers le même horizon. La nuit. La nuit embaumée de jasmins.
Lydie Canga. Beyrouth, 5 novembre 1998.
Photo May Farra
SUD LIBAN. "L'Ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun.
SUD LIBAN. "L'Ombre de la ville". Jean Khalil Chamoun.
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BEYROUTH AFTER

17 Janvier 2021

MAQUILLEUSE ? ESTHÉTICIENNE Alors ? ....... Je suis rentrée en France.
La véritable galère a commencé et pour survivre je me tiens là, en pharmacie. Je fais mes preuves pour une nouvelle maison de cosmétique, en attendant de signer un CDI pour me loger et récupérer ma fille.
Je pense aux belles jambes de ma mère quand je me collais à elle, étant petite. Elles étaient douces, blanches, si belles sous le soleil brillant de ma ville natale. Elles se terminaient toujours sur une belle paire d'escarpins noirs ou sur de beaux ongles vernis, dans des sandales hautes. Et je les suivais, du haut de ma petite taille pour apprendre à marcher. Ses espérances pour moi ne devaient pas être celles-ci. Je le sais depuis que j'ai mon enfant. L'ingratitude ça s'apprend vite. Alors, comment ne pas garder de rancoeur, de rage au fond de soi.
La porte qui s'ouvre, le froid, faut continuer de marcher, faut continuer à poser les pieds dans les pas du destin et l'imaginer lumineux, fort, chaud comme un orbe solaire sur le présent détruit. Faut avoir le courage de ces fleurs dans les jardins abandonnés de Beyrouth, pour germer à travers la poussière, le béton et les ruines afin de diffuser, à nouveau, ce parfum de mage qu'est la vie.
Et je le sens au fond de moi ce parfum qui se cache aux replis des larmes, parce que pour guérir, faut d'abord commencer à pleurer, à laisser fondre cet objet non identifié qui plie le souffle, le retient à l'arrière de gorges nouées de désespoir.
Et oui. Plus familier encore, est aujourd'hui pour moi ce cri de Francis Bacon, comme une ponctuation sur les différentes arènes que la vie aura déployées sous mes pas.
Arènes intensives où je puise la force de continuer le combat.
Lydie Canga. Beyrouth. Janvier 2000.
BEYROUTH AFTER
BEYROUTH AFTER
BEYROUTH AFTER
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