Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ginalolabenzina.over-blog.com
Articles récents

TANGO

10 Octobre 2023

Ce ne sont malheureusement que des photos floues d'écran, que j'ai tenté.
Impossible, de retrouver cette scène isolée sur youtube.
Maria Schneider et Jean Pierre Léaud.
C'est super puissant, ce duo, au niveau de l'image, plus particulièrement le corps à corps, sur le quai du métro Bir Hakeim.
Habituellement, "Le dernier tango" se focalise sur cette scène érotique de la tablette de beurre qui est, pour un esprit désespéré, une sorte de prise d''allegorie sur la famille.
Mais, il existe une histoire d'amour parallèle.
Celle, portée par un pseudo réalisateur recréant une ode à la jeune fille. Léaud (Tom) pour Maria (Jeanne)
Autre épisode particulièrement intéressant, cette séquence, dans l'hôtel, où Brando porte dans une gémellité cocasse, la même robe de chambre que l'amant de sa femme.
Un constat d'échec. L'interchangeable. La fidélité dans l'infidélité. Le travestissement d'une morale.
Bacon revisité par Bertolucci.
Le pont, l'écluse du Nord, le jardin de l'enfance, la pub Vigor et l'assouplissant de lessive....
Des traces, des coups de griffes au rasoir sur les limitations temporelles et sentimentales.
Sortir du cadre, sortir de l'identité, entrer dans les plis des regards, des voyeurs et voyeurisme, pour toucher une aire d'absolu.
Spéciale dédicace à ceux qui n'ont vu que du beurre.
JE T'ÉPOUSE/OUI/ON S'MARIE/ON S'MARIE PAS/NON..
TANGO
Lire la suite

IN THE BARBIE GIRL.

10 Octobre 2023

NE PAS ACCEPTER D'ENTRER DANS LA BOÎTE
Une maman venue récupérer ses filles à la sortie, - c’était la deuxième fois qu’elles le voyaient et pour la circonstance, elles s’étaient habillées en tenues de soirée, (commentaires que j’ai glanés)- m’a regardée très étrangement. Surprise.
Pensait-elle que c’est un film pour teenagers, pour ados qui s’offrent une régression sur popcorn ?
Son parfum, dans la salle.
Tout le contraire !
C’est une réelle réussite ! C’est jubilatoire !
Pourquoi ?
Parce que l’’univers qui a nourri l’imaginaire de nos filles pendant les longues années de leur constitution à éclore « femme », ces décors sur lesquels on marchait qui envahissaient les tapis, et qu’il fallait « ranger, sinon !!!! », ... les poupées qui s’accumulaient selon leurs fonctions, cheveux défaits, coiffés, pas coiffés !
Les voilà ici, sur grand écran avec une illustration musicale des plus réussie.
Du coup maman se rappelle que ... :
Astrid était heureuse d’avoir la Barbie enceinte et de déplacer son ventre pour faire sortir le bébé, la Barbie vétérinaire, l’avion Barbie, énorme, sa grand-mère avait craqué pour un Noël, heureuse de lui montrer comment faire vrombrir le moteur, la Ferrari Barbie, rouge, là,
c'était moi qui … !!! La petite maison, un vintage Barbie, où se perdait un chaton… la grande, à étages, qu’on ne savait où poser ! Et tous les accessoires... et toutes ces chaussures qu’on perdait invariablement !
Voilà donc, cet horizon bonbon rose recréé sur grand écran pour venir bouleverser la question qui semblait absolument nécessaire.
J’ai toujours relevé que l’influence de cette poupée avait conditionné le comportement d’une génération de femmes au point qu’elles avaient absolument accepté, entre autres et surtout, cette injonction d’une tenue pour chaque circonstance. De là, un développement d’une frénésie de shopping qui a servi aux bénéfices de nombreuses enseignes, et surtout une uniformisation dans la représentation à laquelle nous nous heurtons aujourd’hui, encore.
Accepterons nous longtemps, de continuer notre mission de femmes(hommes)-sandwichs de marques ambulantes et gratuites ?
Dans mon métier de maquilleuse, chaque fois que j’ai dû me déplacer pour maquiller une jeune mariée pour ses noces, j’ai pu noter combien ces jeunes couples possédaient exactement la même disposition de maison, les mêmes meubles, la même cuisine, jusqu’au portrait façon Andy Warhol trônant au dessus du dressing .
Et voilà que Greta Gerwig fonce dans le concept, fait monter les revendications des nouvelles générations, allant jusqu’à faire traiter Barbie de produit « fasciste » au service du patriarcat !
Monte une valse de questions et de réflexions qui mériteraient d’être publiées, dans un recueil, afin d’être bien analysées et implantées dans nos petits cerveaux.
Mais elles sont désormais présentes sur Tiktok, Insta et les pages des jeunes influenceuses qu’il est intéressant de suivre.
Je m’arrête là, je vous laisse découvrir (si ce n'est déjà fait) cette formidable comédie dansante qui grince et fait grincer, je ne relèverai que la question, car il y a toujours une question dans un film.
QUI ES-TU KEN ?
Si ce n’est le
« DE BARBIE » ?
Et si, à nous, nous est réservé l’univers des paillettes, gentiment, j’ai envie de reprendre une phrase que je porte régulièrement sur mon T-Shirt en soutien d’un film que j’aime tant :
« Sous les paillettes, la rage », mais ..... gentiment.
Force est rendue aux femmes, à la puissance de leur mobilisation, de leur complicité.
Force est rendue AUX MERES, cet amour dont la transmission est garante de la réussite de nos filles, hors schémas Mattel, et des hommes qu' à leurs tours, elles "mettront au monde."
Le point final est donné sur une chaussure qui entre désormais en bourse, marque rachetée par LVMH.
©LCV.08.23 pour ASTRID.
IN THE BARBIE GIRL.
Lire la suite

L'arc en cage.

27 Mai 2023

J'écoute la voix de Nathalie Sarraute diluer dans l'espace les souvenirs de sa mère. J'entends les images : la beauté de sa mère s'inscrivant sur les reflets d'une vitrine de coiffeur. Elle lui tient la main, elle la regarde.
Monte un souvenir ancré en moi depuis l'enfance, qui a l'accent d'un trait fort intéressant, par la suite, sur le chemin de ma vie : la ligne des sourcils.
Ma mère dans son désir d'épouser les effets de mode de son temps, de copier les actrices à l'écran d'Hollywood, s'était et, arraché les cils avec un recourbe-cils, (ils ont repoussé bien sûr, mais j'éprouve aujourd'hui encore, quelque gêne à utiliser cet objet) et surtout, s'était trop épilé les sourcils. Elle voulait ceux de Piaf et Garbo, en son temps. Par contre eux, eux n'ont jamais repoussé.
Si bien que toute sa vie, sa première tâche a été de les redessiner. Même encore, aujourd'hui, quand je la rejoins, ils sont bien plantés maladroitement sur son arcade, bien marrons, ils m'attendent !!! Au point que d'un doigt, délicatement, tout en l'embrassant, j'en atténue la ligne.
Je ne sais d'où me vient ce tempérament d'observation solitaire, ce besoin de regarder en silence et d'imprimer en moi, les sensations.
Chaque matin, avant de me confier la garde de mes petits frères, (car il fallait qu'elle s'absente pour aller faire quelques courses au marché), je la regardais se préparer, se maquiller.
Un petit miroir était posé sur le haut de la cheminée, elle crayonnait ses sourcils. Et quelquefois ça loupait ! Tout comme ça loupait aussi beaucoup, en ce temps-là , l'eye liner, œil de biche !
Donc, il fallait bien souvent effacer et reprendre ! On salivait sur un coin de mouchoir ou de coton, on frottait, on reprenait ! A l'époque, on crachait même sur un cake de mascara qu'on travaillait avec une petite brosse !...
Mais en s'y reprenant, c'était moins bien que la première fois ! Aie ! la journée était mal partie. Une inquiétude me gagnait au fur et à mesure que ça tempestait. Nous étions seule, dans la petite pièce qui donnait sur une cour calme. Peut-être un chant d'oiseau, en cage ?
Du coup, pour essayer de se consoler de ce trait raté, (il fallait filer, le marché allait fermer!!), elle tournait soudain ses regards vers moi, me fixait avec intérêt au milieu du front et s'exclamait, soulagée : " Toi aussi, ils sont pas pareils !! " ça la consolait.
Mais au fond de moi, j'impactais que quelque chose de ma constitution était ratée. Tout en suçant mon pouce consolateur, j'intégrais un à un, les détails qui m'avait éloignée de la perfection esthétique qui régentait cette partie de la famille : de gros genoux, des cheveux trop frisés dont on ne savait que faire, et des dents de travers !! Au point que lorsque mon oncle venait nous visiter, (si rarement notre cascadeur familial !), je les cachais dans ma serviette. "Il faudra les faire rectifier !", qu'il disait.
Un jour, que je déployais ce corps qui m'encombrait et dont je ne savais que faire, d'une table d'esthétique, après une épilation nécessaire, car là aussi, c'était raté ! Ma mère m'a fait don de cette remarque qui me fait sourire, aujourd'hui :
"Franchement si je t'avais faite, je t'aurais pas fait comme ça !!!"
Et ben voilà, j'y suis allée… j'ai avancé, bringuebalé toute tordue !! et lorsque la vie m'a donné de me retrouver maquilleuse, (sans en avoir franchement ressenti le désir en mon for intérieur, mais une opportunité se présentait), puis formatrice dans le domaine, tous mes stagiaires, toutes mes clientes sur le terrain, ont eu droit à cette belle théorie du sourcil qui est la base de l'harmonie d'un maquillage !
Faut le faire !
Merci à toi Nathalie Sarraute d'avoir fait monter ces mots en moi.
Petite révérence d'une danseuse qui n'est jamais montée se faufiler en haut d'un fil ! J'avais pas la beauté des jambes ! Et l'intrépidité des trapèzes.
L'arc en cage.
L'arc en cage.
Lire la suite

GOD SAVE THE QUEEN. EXTRAIT 1. Coeur bleu.

19 Octobre 2022

 

𝗖𝗢𝗠𝗠𝗘𝗡𝗧 𝗩𝗢𝗨𝗦 𝗘𝗧𝗘𝗦 𝗩𝗢𝗨𝗦 𝗥𝗘𝗡𝗖𝗢𝗡𝗧𝗥𝗘𝗦 𝗔𝗩𝗘𝗖 𝗚𝗘𝗥𝗔𝗥𝗗 𝗖𝗢𝗨𝗥𝗔𝗡𝗧 ?
Nous nous sommes connus, en juillet 1976, au Festival de Prades, dans les Pyrénées Orientales, à quelques kilomètres de Perpignan. 
La thématique du festival était consacrée à Orson Welles. Mais l'événement marquant pour moi, était la présentation du film de Marguerite Duras : «India Song», et c'est pour la rencontrer que je me suis déplacée.
Durant ces jours d'échanges et de projections, vient se greffer une autre figure incontestable, extraordinaire, timide, effacée, fascinante et forte celle de Chantal Akerman qui venait présenter son film «Je, Tu, Il, Elle».
Une amitié de plusieurs années s’est instaurée avec Gérard. 
Cet été-là, nous avons continué notre périple, en nous retrouvant à la Grande Motte  pour un festival consacré à Federico Fellini, puis à Toulon, pour un autre festival cette fois-ci, et encore, sous la présidence de Marguerite Duras. Lonsdale était là aussi.
C'est au cours de ces projections, qu'un film attire mon attention « Eugénie de Franval» de Louis Scorecki. 
Une manière de traiter le propos narratif qui me paraît innovante.
L’année suivante, je retrouverai Gérard au  festival d'Avignon et là, un autre choc : «Pink Narcissus» de James Bidgood.
S’ensuivent de multiples échanges épistolaires entre nous, puis vient le jour d’une invitation toute particulière. 
Un projet de film. Dans les montagnes. Aux Angles, chez moi, dans le Capcir.
L’été où "Coeur Bleu" a été tourné, je préparais mon entrée au concours de l’IDHEC. 
Le thème choisi pour mon mémoire était « la représentation du gothique au cinéma».
Aux images, au contexte que nous allons décrire ici, viennent s’ajouter, - il est important de les nommer -, les présences de plusieurs univers littéraires qui ponctueront la nature de la texture en mouvement.
Car avec "Coeur Bleu" nous entrons dans de nouvelles turbulences spacio-temporelles, une matière filmique synthétique, expérimentale, qui rejoint les pionniers de l'avant-garde. Et j'ai plaisir à citer ici, deux figures essentielles féminines Maya Deren, Germaine Dulac, qui développeront leurs propos  sur pellicule noir et blanc, et pour rejoindre une texture mobile plus proche de celle-ci Jim Davis  avec "Death + Transfiguration / Light reflections" et parce qu'elles furent "cinématonées" : "The Amazonian Angel "de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki (1992). Je m'arrête là dans un premier temps.

Un carton nous annonce au début  que l’action se déroule « longtemps après la destruction du monde »
"Cœur bleu" s'inscrit dans la mobilité, la fluidité d'un propos qui s'illustre «la caméra au poing». 
Légère, mobile, elle permet tout : l’expérimentation d’un super 8 gonflé en 16mm, un rendu pictural impressionniste, une image organique, une monade bleue sur morceaux cristallins. 
C'est une véritable «cinéplastique», pour reprendre le terme d’Elie Faure,  s’étirant sur les sommets d’un espace au delà des montagnes. Tout cela est orchestré sur les rotations d'un personnage féminin ouvrant les voies à ses chemins, en solitaire.
Un univers qui s’enregistre ainsi sur la qualité chromatique d’une boucle d'oreille, agitée par le vent. 
Un coeur bleu en strass qui  diffracte la sensation, la perception, l'affection, l'émotion.
Un cœur intensif polyphasé qui opère une étrange individuation .
Nous sommes des êtres de lumière.

GOD SAVE THE QUEEN. EXTRAIT 1. Coeur bleu.
Lire la suite

Mea Culpa

15 Août 2022

Mea culpa

Mea culpa

Mea culpa

Trois fois

Et trois fois, mon poing sur ma poitrine

Dégage une flambée d'appels aux fleurs

Qu'elles recouvrent la plaie

N'aient pas la couleur du sang

Blanches

Perlées

J'éteins une cigarette que je ne fume pas

Blanches sur la fumée qui s'élève de la bouche

De celui dont je perçois le parfum à son doigt

Que je regarde qu'il me montre la route

Comment

Devenir le guerrier dont il a été victime

Relever le poids de ce qui l'a assommé là

Je ne trouve pas

Je ne suis qu'enfant

Je ne peux que percevoir

Sa douleur tue

Son règne brisé

Sa terre perdue

Et cette terre perdue alliée à une autre terre perdue

un trou béant

Les armes ont écrasé comme elles écrasent aujourd'hui

Que des insectes nous sommes

qui s'élèvent sur les vapeurs d'une cigarette

Sur le roussi d'une terre de l'appel à flamber

Le roussi

Sur peau laisse un parfum amer

Un œil énuclé où flamboie une flamme

Injuste

Brûle des cimes au napalm

Quand l'homme s'est il arrêté de broyer

Le temps court sur ses jours sans lui donner consistance d'un lieu

Où ancrer un souffle de paix

Détruire en détruire jusqu'à ce qu'un moment T

Fini

Foutu

Cramé

Jeté aux vers en pature

Pour que la chair regagne la morve identité

d'où elle s'est extraite

d'où elle a voulu clamer autre chose

que sa défaite dans le règne animal

Car cette bouche

D’où s'élève une fumée de tabac brun est douée de mouvement

Douée de mots apaisants ou condamnants

doux ou froissants

Elle garde les mots qui disent

que tu peux rester

que tu peux survivre

Mais au contraire

te livre

Injustement humaine

injustement pauvre

injustement injuste

les mots qui briseront chaque élan de ta course

les mots qui te condamnent

Ils viendront se loger,

avec la bouffée qui s'exhale

aux tremblements d'une peau  

l'enfant.

Comme un froissement du devenir jamais réparé.

 

 

Mea culpa

Mea culpa

Mea culpa

Three times

And three times, my fist on my heart

A surge of calls for flowers

That they cover the wound

Don’t have the color of blood

White

Pearl

I put out a cigarette I don’t smoke

White on the smoke rising from the mouth

Of him whose perfume I perceive on his finger

That I watch him show me the way

How to

Become the warrior he was a victim of

Lift the weight of what knocked him out there

I can't find

I’m only a child

I can only perceive

His pain kills

His reign broken

His lost land

And this lost land allied with another lost land

a yawning hole

The guns have been crushed as they are today

That bugs we are

that rise on the fumes of a cigarette

On the scorch of a land of call to burn

Burnt on skin leaves a bitter scent

A enucleated eye where a flame blazes

Not fair

Burns napalm tree crest

 

When has the human stopped destroying

Time runs on its days without giving it the consistency of a place

Where to anchor a breath of peace

Destroy some until a moment T

Finished

Damn

Burnt

On worm feed

For the flesh to regain the snot identity

where she got out

where she wanted to scream something else

that his fall

in the kingdom of the animal species

For this mouth

From which rises a brown tobacco smoke

has the power to move

With words that soothe or condemn

soft or wrinkling

She keeps the words that say

That you can stay

That you can survive

But rather

deliver you

unjustly human

unjustly poor

unjustly unfair

the words that will break every momentum in your running

the words that condemn you

They’ll come to stay,

with the puff of cigarette exhaling

to the fears of a skin 

the child.

like a wrinkle of becoming never cared

 

Mea Culpa
Mea Culpa
Lire la suite

Le cercle des eaux.

14 Août 2022

Quand elle tourne les pages, ses doigts sont agiles à caresser les mots.
Elle s’en délecte, elle leur trouve un goût de cerise et de mangue, un goût de menthe, la saveur du petit ruisseau où trempait l’orteil de son enfance. Elle le regardait ce gros doigt, retenir l’onde fuyante et froide. Elle le regardait déterminer des rondes pareilles à celles des cerceaux. Elle y voyait s’agiter des assiettes, des rubans, des arceaux faisant des bras aux danseuses... Toutes ces créatures d’une piste voler, virevolter vers des constellations contenues dans la cascade sonore des cuivres et des trombones.
Et la poussière vole. L’or dans l’air s’agite sous le galops des chevaux. Ils reforment le cercle du cirque, dessinent le rouge velours des gradins où les doigts des enfants collants de sucreries, de confitures enfoncent leurs ongles de joie, de stupéfaction, de fascination…. Ils sont transis d’amour.
Une joie folle les habite pour toutes ces colorations qui tombent du chapiteau, incendient le bout de leurs pupilles effarés.
L.C. La Robe.
Illustration. Collage Pastel gras. 14.8.20
Le cercle des eaux.
Lire la suite

Maquilleuse. Carnet de Notes. 2

8 Août 2022

Pour Toni Morisson disparue le 5 août 2019
parce que je pleure encore, parce qu'elle a traversé toutes douleurs...il m'en reste encore à affronter ...
Au Bon Marché, nous avions dans le dédale des sous-sol, une toute petite épicerie qui ouvrait pour nous, un jour par semaine. Très petite, même pas 30m2. Et là, que des délices de confitures, de miels, d’épices et de ....
charcuterie ! Je n’en mange plus.
C’était notre petite fantaisie.
Et j’en emmenais le soir, dans mon petit chez moi, rue de la Butte aux Cailles.
Au Bon Marché, on descendait au rayon jouet avec Astrid enfant, et on se régalait, on choisissait, toujours les plus belles couleurs, les plus belles fantaisies. Pour sa candeur et sa beauté : les poupées corolle parfumées .
Et puis, à la librairie, pour mon père, je descendais au sous-sol ,dans la file d’attente lui faire dédicacer un ouvrage d’Amélie Nothomb ou de Jean Christophe Ruffin, l’écrivain qui passait ...
Au Bon Marché, je vivais seule longtemps, loin de ma famille. Mon enfant était à l’abri chez les miens. Nous étions séparées.
Quand je reprenais le train pour me précipiter la retrouver au cœur du Tarn, avec mes belles robes, - je voulais qu’elle soit fière de sa maman -, les gens dans le rue, commentaient :
« C’est la parisienne, celle qui a abandonné son enfant ! »…
Au Bon Marché je voyais le docteur, mon cœur saignait souvent. Il m’encourageait :
« Continuez comme ça Madame ! continuez, mettez vos robes, c’est ainsi que vous tiendrez ! »
Mon salaire ne me permettait pas de subvenir à notre vie à toutes les deux .
Et le temps a triomphé.
 
Photos Bon Marché. Octobre 2020. Paris. copyright LCV
Maquilleuse. Carnet de Notes. 2
Maquilleuse. Carnet de Notes. 2
Maquilleuse. Carnet de Notes. 2
Lire la suite

2020. Touristic.

1 Août 2022

Faut éviter de sortir là 😊 j'ai vu des grands dingues sur la route. Des bateaux, des bouées, des vélos, des regards déjà fatigués comme si les vacances c'étaient une corvée. La calotte crame. La Sibérie en fumée et toi, tu sors les raquettes, tu veux encore jouer. "Maman, c'est le climat le plus grave, je vais rentrer, en rébellion.. La vraie !" "-t'inquiète, on va y aller !". Et c'est d'un triste ce tourisme, des chaises espacées d'un mètre, des looks chiffons, couleurs fadasses, ça veut s'informer ce soir, de l'histoire de la cathédrale d'Albi. On a quatre fausses cathares qui chantent avec des voix de fluet. Aucune présence scénique, on se croirait à la kermesse d'une colo. Une colo de gens qui s'ennuient, comprennent plus rien à comment ça vire. Mais ne comptent en rien s'inscrire dans l' histoire, faire l'histoire, mettre un poing sur la table. Non, ça déambule, funambule du rien, du vacant. Mais ça s'attable à tous les menus qu'on veut leur fourguer. Ah, y a du monde en terrasse pendant qu'ailleurs... Faut rouler vite, tenter de trouver la ligne de fuite, rallier le réseau de ceux qui vont continuer d'élever les digues. Le Mur au désastre, l'effondrement, le mot.... qui nous guette.

Illustration

Orson Welles, "Vérités et mensonges", "F for Fake", 1973.

2020. Touristic.
2020. Touristic.2020. Touristic.
2020. Touristic.2020. Touristic.
Lire la suite

LITTLE

16 Juillet 2022

La vie, ça démarre là, dès l'enfance, dès la première ombre dans le caniveau. Petit bateau de papier, blanc colorié, doigts d'enfants… qui dérive, contourne flaques de ciment, tas de sable, un instant… Furtif éclat solaire sur les grains de graviers qui s’ébruitent des pelles de chantiers … Filets aériens de Gitanes dans les senteurs de ses doigts, quand je suis sur ses genoux, le soir … c'est de son père qu'il s'agit.
Et le bateau contourne, suit la pente que la terre veut lui accorder. La ! La ! Tra !
Rigoles, fondations, bouches d'égouts… ! Il se heurte … Youps ! Un talon d'escarpin pelé, une jambe de femme écorchée par la chaîne d'une motocyclette, l'accompagne un instant, en boitant…
"On s'est planté sur la route cette nuit !!!", qu'elle dit la jambe !
Et une peur d'enfant qui se glisse dans le cœur, car c'est de sa mère qu'il s'agit ! Aïe !
Et le bateau dérive. Gagne les ruisseaux tumultueux, cavalcade… C'est là, qu'enfants, nous accrochions des carpes et des alevins de truites dans nos filets dorés, pour regarder leurs reflets s'endormir près de nous, bocaux dans les pâleurs de la nuit aux berceaux.
Et le bateau poursuit, gagne les profondeurs d'un lac à deux mille mètres d'altitude, et d'autres échos dans les fonds des montagnes, quand le tonnerre a cessé de rugir et que la pluie dégoutte, en cascades, dans le torrent bruyant qui occupe le champ des consciences, un instant.
Senteurs fortes des hautes herbes après la pluie, senteurs de pins, de fougères, et cette marée flamboyante là-haut, à la cime des arbres, et le bruit du vent dans les entrailles du ciel !
Il en fait du chemin ce bateau de misère ! Il s'accroche aux larmes, aux éclats de rires ! Il rayonne, superbe ! La, la , à chaque souffle interne que la solitude attise dans nos mécanismes de chaudière. Il s'arrête seul, et on l'oublie, l'instant où quelqu'un fait irruption en nos vies. Un temps, on songe épouser une autre courbe, un autre courant, mais non ! Aïe ! Faut détourner la tête, comme une claque au cerveau, refermer l'envie sur un tiroir à souvenirs, archiver le phénomène, et reprendre le cours à petit bateau depuis le caniveau jusqu'à la dernière larme au fossé.
LCV @Lyot Sender.
 
Illustrations Virginie Demont-Breton 1859 (Courrières) -1935 (Paris), artiste peintre dont l'oeuvre illustre principalement la vie des pêcheurs du Pas de Calais.
 
LITTLE
LITTLE
LITTLE
Lire la suite

LOLA

30 Mars 2022

Quand j'étais enfant, petite fille en socquettes blanches et balles à faire rebondir au mur,

tic, tic, tic, tac !...j'entendais souvent ma mère réprimander mon père au sujet d'une LOLA !

Ça partait véritablement en live et mon père courbait le dos aux arguments pugnaces de ma mère.

Ils avaient à peine 25 ans.

Mes parents s'étaient rencontrés lors d'un bal, d'une baloche, c'est ainsi qu'à l'époque les réseaux sociaux et les selfies s'effaçaient au profit d'un regard réel, direct, soutenu de part et d'autre d'une piste circonférenciée par un halot blanc, et avant de poster un commentaire réseau social quelconque se voulant astucieux et sagace ou d'envoyer tes dicks pics en privé comme une bouteille à la mer, pour attirer la curiosité d'un profil…..t'avais intérêt à savoir danser !

Ah, ah  ! et ma mère adorait danser !

Championne dans toutes les petites subtilités des pas :tcha, tcha, mambo, tango, salsa, paso doble...et

Papa pas !

Donc, voilà qu'il avait osé lui confier dans les premiers temps de leur présentation amoureuse, ça avait maladroitement fusé, que l'une des filles qui l'avait attiré bien avant elle, à qui il aurait aimé soumettre ses premières expériences de nubile s'appelait LOLA !

Le profil habituel de ces femmes qui déniaisent une bonne partie de ces messieurs, de belles formes, des hanches larges, une poitrine généreuse, une bouche lippue !

Pouf les mecs, sidération !

Mais Papa ne s'était pas tapé LOLA !

Par contre, il se tapait régulièrement les foudres de ma mère, si bien qu'à force de vouloir l'effacer de la mémoire de mon père, elle ne faisait que mieux l'y ancrer, et par la même occasion, de l'imprimer dans la mienne.

Qu'est ce qu'elle pouvait bien avoir LOLA ?

Tic, tac, tic, tac  ! la balle au mur ponctuant les échanges animés de mes parents !

Rouge, bleu, blanc !

Tic ! tac !

Ben, justement, tout ce que je n'avais pas !

Si bien que lorsqu'il s'est agit, lors de mes vingt ans de me choisir un pseudonyme pour monter sur scène, gagner les touches de mon synthétiseur, tenir ma place au sein du groupe, j'ai pointé LOLA !

LOLA vient ! Aide moi ! Amène tes forces généreuses pour servir de paravent à ma timidité pucelle !

Donc, c'était Lola ! Lola Klaxon ! Lola Baston ! jusqu'à Gina Lola et par déduction Benzina !

Ou l'inverse ! Lola Bri ……rigida, l'esprit de ma mère !

 

Illustration : photogramme de "Coeur Bleu" . Gérard Courant.

LOLA
Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>