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LUZ

1 Avril 2024

1/ La bulle.

Dans la bave des salives, 

sur le fond sonore des orgues qui montent des clameurs du ciel, 

en va et vient d’un pas agité

calmer calmer secouer doucement éviter 

les roues d’un landau.

Dans la bave de salive

bulle 

adorable rondeur de nacre d’une bouche qui vient d’ouvrir

Deux syllabes comme deux notes viennent 

Pa

Pa

Juste juste articulées.

Premier mot.

Comme elle est belle !

Je la regarde au creux de la bascule faïence de la pharmacienne

Comme elle est belle !

Combien elle pèse ?!

On se ressemble !

Madame non, vous n’avez pas la même couleur !

Pa

Pa

Sur ses jambes !

Regarde regarde,

Ça y est ! Elle s’élance ! Elle affronte l’équilibre pesanteur !

Regarde ses petits pieds !

Potelés potelés qui s’ancrent !

Viens !

J’ouvre les bras.

Pa

Pa

C’est le premier mot, apaise-toi

Le premier mot que prononce un enfant !

« P » c’est plus facile !

J’aime pas mes pieds !

Je les adore.

Montre !

Je voudrais les mêmes.

J’aime pas mes cheveux !

Non, pas

Je les adore et les trempe dans l’eau des baignoires,

Ton corps étiré dans le bain,

Passe le peigne de crème grasse afin de ne pas les tirer.

Pa

Pa

Pa

Pa

La grande eau où l’on t’a plongée !

La nuit,

Dans les champs des flambeaux qui crevaient 

la nuit,

Et la pupille de mon oeil !

Tes paupières closes plonger confiantes dans l’eau, te porter.

Pa

Pa

Je ne voulais pas !

Dans la tulle de mon ventre

Je ne voulais pas te jeter au monde !

Où l’on viole des bébés !

Dans l’innocente fente

La grosse trique te briser !

Je ne voulais pas !

Tes premiers pas dans

L'aspiration

Pa

Pa

Mâle !

Non c’est une fille ! l’a dit l’aiguille amniotique !

Une fille que je roulerai dans toutes les robes d’attendre brodées !

ç’aurait été un garçon, je te l’aurais volé !

Pa

Pa

Non maman

Je n’aime pas celle-là !

Elle ne me va pas !

Cours !

Oh, que tu cours bien !!!!

Alors j’ai déchiré mon ventre, ouvert des pinces qui sont entrées

Crevant l’hymen enfin cette fois

Je n’étais plus niaise

J’avais un ventre qui giclait

de toi

Dans les pinces qui te tiraient !

J’ai déchiré ma robe, j’ai déchiré mon ventre et j’ai poussé, tiré, jusqu’à hurler te regarder

Regardée !

N’oublie pas ma fille, n’oublie pas ma Luz 

Comme on s’est regardé !

Épuisée qu’on me recouse, ouverte de la sonde du liquide et des fils qui refermaient.

Sous ta petite cloche là, toute chaude,

Ce que je ne pouvais encore te donner

Mon sein tiède pour t'apaiser !

Venue en ce monde

où les bébés l’on viole !

Je ne voulais pas je ne voulais pas !

Aussi, je t’ai posée, là,  Notre Dame !

Pa

Pa

Tu me tends ton jouet téléphone

Pa

Pa

Oui, quoi ma Luz ?

Tiens c’est pour toi, il veut te parler !!!

Qui ?

Pa

Pa

Dis lui !

Quoi ?

Que ma peau de brune épice 

De ses caresses a manqué  a pleuré !

Que ma peau en brume métisse 

De sa chaleur réglisse

De la force à bras 

a manqué !

Tu m’as porté haut maman !

Du plus haut où les tiens me hissaient !

Tu m’as porté haut !

Mais des siens 

Je suis tombée

Je suis brisée !!

Pa

Pa

Couinent tous les jouets aux becs de canards qui ricanent !

Couinent les jouets mécaniques, grisent en musique !

Pa

Pa

Tralala

Cette petite berceuse sur ta couche dont je remonte la clé !

Mécanique petite berceuse quand je te couche,

Et que je m’endors près de toi comme un bébé.

Mon bébé qui m’accouche et maintenant

dit

J’ai peur, j’ai froid ça crisse mes pas !

Ouvre moi la voie du monde

Maman !

Maman ouvre moi ! qu'elle me terrifie pas !

Pas

peur

Pas

peur

Je suis là

Il ne s'approche pas ce monde

celui qui tue et mange les bébés !

LUZ
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